Quels sont les avantages de la récupération d’eau de pluie ? Interview d’un expert
La récupération d’eau de pluie est, certes, utile pour votre jardin, mais elle ne l’est pas moins pour votre porte-monnaie ! Nous avons interrogé un expert de la question, Monsieur Kolb, pour savoir exactement pourquoi et comment récupérer l’eau de pluie.
Ancien Directeur du département « Aménagement du territoire » de l’Institut Bavarois pour le jardinage et la viticulture, et architecte paysagiste de métier, M. Kolb est l’auteur du livre « Economiser l’eau dans le jardin » (en version originale, « Wasser Sparen im Garten »). Il a lui-même conçu et installé sa propre cuve à enterrer. Dans cette interview, il nous explique l’importance de la récupération de l’eau de pluie, et comment la mettre en œuvre.
Quelle est l’importance de l’arrosage pour quelqu’un qui possède un jardin ?
Cela va dépendre du type de végétation que comporte votre jardin. Les légumes ou les fleurs d’été, par exemple, ont un besoin important d’apport en eau. La nature du sol est également un facteur : les sols sablonneux ne retiennent pas bien l’eau, et nécessitent donc un arrosage plus régulier.
La pluie suffit-elle pour entretenir les plantes ?
Dans les régions pluvieuses, il est possible de se passer d’arrosage. En revanche, on ne peut pas exclure que les pluies cessent et qu’il y ait de fortes chaleurs en période estivale. Les fortes précipitations en automne et hiver ne sont d’aucune utilité pour les plantes qui auront péri en été faute d’irrigation suffisante.
Si je récupère l’eau de pluie, à qui cela profite-t-il le plus sur le long terme : à l’environnement ou à mon porte-monnaie ?
Sur le long terme, votre porte-monnaie vous remerciera. Les tarifs des fournisseurs en eau vont augmenter, car les dépenses liées à la préservation des réserves d’eau souterraine exploitables entraînent des coûts considérables, que les fournisseurs répercutent sur les consommateurs. C’est bien sûr une bonne chose pour l’environnement : non seulement la ressource est préservée mais elle peut également être utilisée pour des usages participant à la protection de l’environnement (par exemple pour refroidir des bâtiments sans avoir recours à la climatisation). Ce ne sont pas les seules bonnes raisons : si aucune gestion des eaux pluviales n’est mise en place, les réseaux et les stations d’épuration risquent de saturer lors des fortes averses (qui se font de plus en plus fréquentes), ce qui peut entraîner des inondations. Les installations d’infiltration et de récupération des eaux sont l’une des solutions à ce problème.
Et en dehors du jardin, quelles sont les autres usages possibles de l’eau de pluie ?
Elle convient non seulement à l’arrosage des espaces verts, mais également à l’alimentation des chasses d’eau, des machines à laver ou des piscines. Cela permet d’économiser l’eau potable qui est une ressource très précieuse.
Quel est le coût d’une installation de récupération d’eau de pluie ?
Cela dépend de plusieurs facteurs, tel que le volume ou les conditions de pose de l’installation. En plus des cuves à eau basiques, des réservoirs aériens décoratifs sont également disponibles sur le marché. Comptez entre 100 et 250 euros pour une capacité de 300 litres. En ce qui concerne les cuves à enterrer, une solution de 5000 litres revient environ à 2000 euros. Il faut y ajouter les accessoires permettant d’utiliser l’eau stockée, des kits complets pour le jardin étant disponibles pour moins de 3000 euros (hors installation).
Réservoirs aériens, cuves à enterrer : quels sont les avantages de chaque solution ?
Les réservoirs aériens constituent une solution moins onéreuse mais ils offrent des volumes plus restreints. Ils sont idéals lorsque la surface de toiture raccordée est petite et que le besoin en eau est limité. Les cuves à enterrer permettent de stocker une plus grande quantité d’eau. Elles répondent ainsi à des besoins plus conséquents notamment lorsque l’eau est utilisée à l’intérieur des bâtiments. Les cuves à enterrer ont l’avantage d’être discrètes et de ne pas prendre de place en surface.
Quels critères dois-je prendre en compte lors de la sélection de ma solution ?
Les facteurs décisifs seront la surface des toits raccordés, la pluviométrie annuelle dans votre région et votre besoin en eau.
Comment puis-je savoir de quelle quantité j’ai besoin ?
Des calculs ont montré que 30 à 60 litres d’eau par mètre carré sont nécessaires pour les cultures intensives, comme les légumes tels que les concombres ou les courges, qui ont besoin de beaucoup d’eau. Pour les gazons et les plantes vivaces, il faut compter entre 10 à 25 litres d’eau. Bien entendu, cela dépendra également des précipitations naturelles.
Je me souviens que chez ma grand-mère, il y avait un vieux tonneau d’eau de pluie dans le jardin et les moustiques et autres insectes y nichaient en grande quantité. Auriez-vous une astuce simple et efficace ?
Il suffit de recouvrir le réservoir avec un couvercle pour éviter ce genre de problèmes.
Vous avez-vous-même installé votre cuve à enterrer qui alimente notamment vos toilettes. Comment cela fonctionne-t-il et à quoi faut-il veiller lors d’une telle installation ?
Il est nécessaire de séparer l’eau en deux circuits distincts : un pour l’eau de pluie et l’autre pour l’eau potable. Une pompe auto-amorçante est nécessaire pour alimenter les sanitaires. L’installation est en place chez moi depuis 30 ans, et tout va pour le mieux.
A l’époque, qu’est-ce qui vous a personnellement décidé à installer ce système – au point de vous mettre à dos la municipalité, comme on le raconte ?
J’avais un grand jardin qui nécessitait des quantités considérables d’eau pour être arrosé. Cela me revenait cher, aussi ai-je donc décidé d’installer une cuve à enterrer. Selon les statuts locaux, je n’avais pas le droit de le faire à l’époque. Aujourd’hui, la commune encourage la mise en œuvre de telles installations. Pour moi, c’est une évolution positive qui va dans le sens de l’histoire.
Nous avons beaucoup parlé de la récupération d’eau de pluie mais, comme vous l’avez expliqué, ce n’est pas le seul enjeu de la gestion des eaux pluviales… Que peut-on faire d’autre pour mieux gérer l’eau de pluie dans le jardin ?
Pour favoriser le renouvellement de la nappe phréatique et prévenir les inondations, il est possible de faire installer chez soi une solution de rétention des eaux pluviales, comme une cuve par exemple. Voici comment cela fonctionne : les cuves de rétention stockent l’eau de pluie avant de la rejeter directement dans le réseau naturel de manière régulée. Il s’agit donc d’un bon moyen de lutter contre le problème de la baisse du niveau des nappes phréatiques. Il existe même des solutions permettant de conserver une partie de l’eau pour l’utiliser pour l’habitat ou le jardin.
Ce qu’il faut retenir de cet entretien :
Types de végétation
Vous devez en premier lieu déterminer quelles sortes de plantes se trouvent dans votre jardin, ainsi que la nature de votre sol. Ce sont ces deux éléments qui détermineront la quantité d’eau nécessaire pour l’arrosage.
Observez votre toit
Réservoir aérien ou cuves à enterrer ? La taille de votre toiture est un élément déterminant.
Calculez la surface de votre jardin
Vous cultivez des légumes en plein air, il vous faudra donc 30 à 60 litres par mètre carré. Vous avez une large surface de gazon et des plantes vivaces, comptez 10 à 25 litres par mètres carré.
Pour quelles autres utilisations ?
Utiliser l’eau pour la machine à laver ou les toilettes nécessitera un système adapté (circuit d’eau séparé et pompe).
Pensez à la rétention !
Si l’on veut aller plus loin et agir en faveur de la recharge des nappes phréatiques, il est possible de combiner récupération et rétention avec des cuves spécifiques.